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Paixão | Fotografias Analógicas Cores. 50x70 cm
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Paixão | Fotografias Analógicas Cores. 50x70 cm
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Paixão | Fotografias Analógicas Cores. 50x70 cm
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Paixão | Fotografias Analógicas Cores. 50x70 cm
Pour Carlos Medeiros, qui partage son temps entre la photographie et le théâtre, toute interprétation photographique de ces lettres ne peut passer que par leur théâtralité.
D’où le long et minutieux travail de mise en scène auquel il s’est livré lors de l’élaboration de ses décors.
D’où aussi l’unité de lieu pour représenter la tragédie en cinq actes, chacun d’eux correspondant à une lettre que couvre une séquence de cinq photos.
Il est clair que Carlos Medeiros a très bien compris que tout effort de représentation destiné à nous rendre compte du physique de Mariana Alcoforado contribue à la destruction de la poétique du mystère qui entoure ses lettres…
L’absence totale de personnages implique que le drame passionnel vécu par la religieuse doit s’accomoder du caractère de nature morte de ses compositions photographiques, genre baroque s’il en est et en accord parfait avec ce que la photographie doit au théâtre et donc au culte des morts…
Les objets photographiés par Carlos Medeiros rendent compte de l’extrême délicatesse avec laquelle ils sont mis en scène : plissement sophistiqué des étoffes, exquise diffusion de la lumière tempérée par son caractère naturel, cri déchirant des rouges de la passion avant qu’elle ne retombe dans le silence des ombres, le tout lié par le même objectif qui en motive le sens : la perte de l’aimé.
Que ces compositions tiennent de la nature morte, voilà la force des photographies de Carlos Medeiros…
Il est évident qu’en ce sens il partage la grande sensibilité que montre Bill Viola dans ses vidéos travaillées comme des compositions picturales… On ne saurait dire si ces photographies sont celles de tableaux susceptibles d’avoir été peints du temps de la religieuse portugaise, ou si elles sont seulement le résultat d’une volonté d’imitation, ultime niveau de l’illusion propre au baroque.
Si ces photos sont vides de personnages, c’est parce que la moindre vision d’une présence faite de chair et d’os eut atténué ce sentiment déchirant de la perte.
Mais en plus de souligner le caractère inéluctable de l’absence par ce vide inhabité entre les objets de ses compositions, Carlos Medeiros nous rappelle cette loi fondamentale du Baroque : le vide délimité par les formes pleines est aussi intéressant à regarder, sinon plus, que ces dernières…
C’est encore à cause de ce vide que l’espace unitaire de la cellule qui sert de cadre à la mise en scène de ces photos, toujours le même, peut être assimilé à cette « chambre d’écho » dont parle Severo Sarduy dans son étude sur le baroque : chambre où l’écho parfois précède la voix.
Mais surtout, c’est l’espace théâtral de natures mortes à tout jamais figées dans leur passé par le gel photographique et où le dialogue muet des objets a la stridence des cuivres dans la turbulence d’une symphonie baroque d’aujourd’hui.
Michel Hubert Lépicouché
(Janvier 2006)